13 novembre 2011

Voyage à Tokyo

Grâce à nos amis Kaiser, notre séjour à Tokyo a été un enchantement et nous sommes rentrés avec l’envie de retourner là-bas. Tant pis pour eux !
Nous avons atterri un jeudi matin à l’aéroport de Narita (un des deux aéroports de la ville), situé à environ 1 heure en train du centre de Tokyo, où nous avons retrouvé Anne et Jean-Claude. La ville est immense, car le district de Tokyo s’étend sur une centaine de kilomètres de long et une quinzaine de large. Le réseau ferré/métro est aussi dense que tentaculaire et nous étions bien contents d’être cornaqués dans les kilomètres de couloirs et d’escaliers roulants. Comme nous nous y attendions, le centre ville est riche en buildings de grande taille, certains avec des architectures remarquables.
 
Nous avons visité une superbe exposition d’Ikebana de l’école Sogetsu. Cet art floral japonais crée une harmonie en 3 dimensions, avec toujours une asymétrie et des contrastes de couleurs.  Le contenant (vase ou autre) est valorisé, au même titre que divers éléments végétaux (feuilles , branches, fleurs ) ou minéraux. C’était superbe et poétique.
Le soir, nous avons déambulé à Shibuya, un quartier très prisé des jeunes tokyoïtes, pour ses restaurants et bars branchés. Le spectacle était dans la rue !
Vendredi, profitant d’un temps magnifique, nous avons pris le train pour le mont Takao, situé à 1 heure à l’ouest de Tokyo. C’est un lieu célèbre, visité chaque année par 2 millions et demi de Japonais.  Nous sommes montés par des sentiers de randonnée jusqu’au sommet à 600 mètres d’altitude.  De là-haut, on pouvait deviner le mont Fuji, à travers une brume de chaleur.
A la descente, nous avons visité le temple bouddhiste Yakuoin, et croisé les moines au son des conques et autres gongs. Il y avait foule dans ce lieu de pèlerinage pour les Japonais. Entre les rites de purification (de l’eau pour se laver les mains, un nuage d’encens), des passages symboliques, des petits papiers pour écrire ses prières, des pièces qu’on lance dans un immense récipient devant l’autel, des mains jointes et des inclinations du buste, on n’a pas tout compris…
Nous avons ensuite déjeuné dans un restaurant traditionnel, un moment rare. Une ravissante hôtesse en kimono nous a conduits à une salle réservée, une sorte de petit chalet avec de grandes baies vitrées coulissantes, donnant sur la rivière et la forêt. Nous avons goûté des plats typiquement japonais, pousse de bambou, tofu à la crème de noix, poisson de rivière grillé, poulet grillé devant nous sur une sorte de mini-barbecue, et j’en oublie. Une expérience culinaire unique ! Chaque plat était une œuvre d’art dans sa présentation, aussi bien la nourriture que le contenant. Une serveuse attitrée venait après chaque plat, poussait le paravent, se mettait à genoux sur le tatami, refermait le paravent, nous servait, et même cérémonial pour la sortie. Raffinement, extrême politesse, discrétion, gentillesse, les Japonais diffèrent en de nombreux points de leurs voisins Chinois…
Samedi, après avoir traversé le grand parc Yoyogi situé au cœur de Tokyo, nous avons visité  le temple shinto Meiji Jingu. C’était la saison des présentations au temple, pour les nouveau-nés, les petites filles de 3 ou 7 ans, et les garçons de 5 ans. Des familles japonaises endimanchées montaient donc au temple, et c’était touchant et charmant de voir parfois 3 générations de femmes (grand-mère, mère et petite fille) dans leurs somptueux kimonos. Sur la longue allée qui menait au  temple, des paires de basket roses Minnie dépassaient parfois sous le kimono fleuri. A la porte du temple, les fillettes chaussaient les Geta, ces sortes de tongs à semelle épaisse en bois, qu’on porte avec des socquettes blanches à deux doigts. 
Nous avons eu la chance de croiser deux processions, un mariage (la mariée porte une sorte de coiffe blanche tout à fait typique) et un anniversaire de mariage (même costume, sans la coiffe blanche). Derrière des « prêtres » et autres religieux, le couple était suivi des parents et du reste de la noce. Le contraste était particulièrement saisissant entre les magnifiques costumes traditionnels (surtout ceux des femmes) et les robes décolletées  et plutôt vulgaires des jeunes filles qui suivaient la noce…
Nous avons ensuite déambulé dans le quartier Takeshita Dori, avec des magasins branchés pour les jeunes qui osent toutes les modes, du gothique au col claudine. Les jeunes Japonaises portent beaucoup de shorts très courts, souvent avec de grandes chaussettes au dessus du genou, le résultat n’est pas toujours très glamour... Le quartier Omote Sando (les Champs Elysées locaux) est conseillé à ceux qui ont des portefeuilles bien remplis.
Nous avons ensuite traversé Tokyo vers le Nord Est, et visité le marché de Aneyoko, sous la voie de chemin de fer. Etals de poissons frais, de légumes, de graines, vêtements, on vend tout là bas, dans l’agitation et le bruit. Puis nous avons rejoint le temple Sensoji dans le quartier Asakusa et profité d’un spectacle incroyable : un « ballet » de lanternes, un miracle d’équilibre et de coordination, sous les yeux d’une foule admirative.
Nous avons terminé cette journée par un petit tour au bord de l’eau. Un métro aérien permet de profiter d’une vue superbe sur le « Rainbow bridge » et les deux rives de la baie de Tokyo. Au pied de leur « statue de la liberté », nous avons admiré des danses régionales, par des troupes pleines d’énergie, y compris le club du troisième âge.
Dimanche, le temps virant à la pluie, nous avons privilégié les musées et visité une exposition passionnante sur les navires portugais et les Jésuites qui sont arrivés au Japon au milieu du 16ème siècle. L’histoire s’est mal terminée pour certains d’entre eux avec notamment le massacre de Nagasaki.
Plus légèrement, nous avons pu constater dans la rue ou les centres commerciaux, le rapport étrange que certains Japonais ont avec leur animal favori. On trouve un peu partout des magasins spéciaux pour chiens, qui vendent des poussettes pour chiens, des petits vêtements (jean, blouson etc…), des friandises (présentées comme des bonbons Haribo). Le chien peut aller passer quelques heures dans une garderie où des activités d’éveil lui seront proposées et bien sûr les salons de beauté pour chiens font florès. Bref, à défaut d’avoir des enfants, les Japonais traitent leur animal domestique comme un enfant.
Depuis le mois de mars, la vie semble avoir repris normalement, avec semble-t-il moins d’enseignes lumineuses dans la ville. Les magasins sont très bien achalandés, mais peut-on tout consommer ? Le poisson et les produits de la mer, les champignons dont les Japonais sont si friands ne sont-ils pas contaminés ?
Nous avons été surpris par le coût de la vie, beaucoup plus élevé qu’en Chine.
Mais Tokyo est une ville agréable, avec ses grands parcs, ses quartiers, son architecture à taille humaine (plutôt des petits immeubles un peu disparates, avec aucun fil enterré), ses chauffeurs de taxi qui portent des gants blancs, son réseau de transports en commun très efficace. Notre amie Anne fait partie d’une association franco-japonaise, et elle apprécie beaucoup les activités communes qui permettent de découvrir une culture si différente. Je regrette que quelque chose de similaire n’existe pas à Shanghaï. Toutes les expatriées le constatent, il est quasiment impossible de créer des liens d’amitié avec des chinois(es), la plupart étant plus obnubilés par l’argent que par le lien social…
Merci Anne et Jean-Claude pour ce beau voyage !