Grâce à nos amis Kaiser, notre séjour à Tokyo a été un enchantement et
nous sommes rentrés avec l’envie de retourner là-bas. Tant pis pour eux !
Nous avons atterri un jeudi matin à l’aéroport de Narita (un des deux
aéroports de la ville), situé à environ 1 heure en train du centre de Tokyo, où
nous avons retrouvé Anne et Jean-Claude. La ville est immense, car le district
de Tokyo s’étend sur une centaine de kilomètres de long et une quinzaine de
large. Le réseau ferré/métro est aussi dense que tentaculaire et nous étions bien
contents d’être cornaqués dans les kilomètres de couloirs et d’escaliers
roulants. Comme nous nous y attendions, le centre ville est riche en buildings
de grande taille, certains avec des architectures remarquables.
Nous avons visité une superbe exposition d’Ikebana de l’école Sogetsu.
Cet art floral japonais crée une harmonie en 3 dimensions, avec toujours une
asymétrie et des contrastes de couleurs.
Le contenant (vase ou autre) est valorisé, au même titre que divers éléments
végétaux (feuilles , branches, fleurs ) ou minéraux. C’était superbe et
poétique.
Le soir, nous avons déambulé à Shibuya, un quartier très prisé des
jeunes tokyoïtes, pour ses restaurants et bars branchés. Le spectacle était
dans la rue !
Vendredi, profitant d’un temps magnifique, nous avons pris le train
pour le mont Takao, situé à 1 heure à l’ouest de Tokyo. C’est un lieu célèbre,
visité chaque année par 2 millions et demi de Japonais. Nous sommes montés par des sentiers de
randonnée jusqu’au sommet à 600 mètres d’altitude. De là-haut, on pouvait deviner le mont Fuji,
à travers une brume de chaleur.
A la descente, nous avons visité le temple bouddhiste Yakuoin, et
croisé les moines au son des conques et autres gongs. Il y avait foule dans ce
lieu de pèlerinage pour les Japonais. Entre les rites de purification (de l’eau
pour se laver les mains, un nuage d’encens), des passages symboliques, des
petits papiers pour écrire ses prières, des pièces qu’on lance dans un immense
récipient devant l’autel, des mains jointes et des inclinations du buste, on
n’a pas tout compris…
Nous avons ensuite déjeuné dans un restaurant traditionnel, un moment
rare. Une ravissante hôtesse en kimono nous a conduits à une salle réservée,
une sorte de petit chalet avec de grandes baies vitrées coulissantes, donnant
sur la rivière et la forêt. Nous avons goûté des plats typiquement japonais,
pousse de bambou, tofu à la crème de noix, poisson de rivière grillé, poulet
grillé devant nous sur une sorte de mini-barbecue, et j’en oublie. Une
expérience culinaire unique ! Chaque plat était une œuvre d’art dans sa
présentation, aussi bien la nourriture que le contenant. Une serveuse attitrée
venait après chaque plat, poussait le paravent, se mettait à genoux sur le
tatami, refermait le paravent, nous servait, et même cérémonial pour la sortie.
Raffinement, extrême politesse, discrétion, gentillesse, les Japonais diffèrent
en de nombreux points de leurs voisins Chinois…
Samedi, après avoir traversé le grand parc Yoyogi situé au cœur de
Tokyo, nous avons visité le temple
shinto Meiji Jingu. C’était la saison des présentations au temple, pour les nouveau-nés,
les petites filles de 3 ou 7 ans, et les garçons de 5 ans. Des familles
japonaises endimanchées montaient donc au temple, et c’était touchant et
charmant de voir parfois 3 générations de femmes (grand-mère, mère et petite
fille) dans leurs somptueux kimonos. Sur la longue allée qui menait au temple, des paires de basket roses Minnie
dépassaient parfois sous le kimono fleuri. A la porte du temple, les fillettes
chaussaient les Geta, ces sortes de tongs à semelle épaisse en bois, qu’on
porte avec des socquettes blanches à deux doigts.
Nous avons eu la chance de croiser deux processions, un mariage (la
mariée porte une sorte de coiffe blanche tout à fait typique) et un
anniversaire de mariage (même costume, sans la coiffe blanche). Derrière des
« prêtres » et autres religieux, le couple était suivi des parents et
du reste de la noce. Le contraste était particulièrement saisissant entre les
magnifiques costumes traditionnels (surtout ceux des femmes) et les robes
décolletées et plutôt vulgaires des
jeunes filles qui suivaient la noce…
Nous avons ensuite déambulé dans le quartier Takeshita Dori, avec des
magasins branchés pour les jeunes qui osent toutes les modes, du gothique au
col claudine. Les jeunes Japonaises portent beaucoup de shorts très courts,
souvent avec de grandes chaussettes au dessus du genou, le résultat n’est pas
toujours très glamour... Le quartier Omote Sando (les Champs Elysées locaux)
est conseillé à ceux qui ont des portefeuilles bien remplis.
Nous avons ensuite traversé Tokyo vers le Nord Est, et visité le marché
de Aneyoko, sous la voie de chemin de fer. Etals de poissons frais, de légumes,
de graines, vêtements, on vend tout là bas, dans l’agitation et le bruit. Puis
nous avons rejoint le temple Sensoji dans le quartier Asakusa et profité d’un
spectacle incroyable : un « ballet » de lanternes, un miracle
d’équilibre et de coordination, sous les yeux d’une foule admirative.
Nous avons terminé cette journée par un petit tour au bord de l’eau. Un
métro aérien permet de profiter d’une vue superbe sur le « Rainbow
bridge » et les deux rives de la baie de Tokyo. Au pied de leur « statue
de la liberté », nous avons admiré des danses régionales, par des troupes
pleines d’énergie, y compris le club du troisième âge.
Dimanche, le temps virant à la pluie, nous avons privilégié les musées
et visité une exposition passionnante sur les navires portugais et les Jésuites
qui sont arrivés au Japon au milieu du 16ème siècle. L’histoire
s’est mal terminée pour certains d’entre eux avec notamment le massacre de
Nagasaki.
Plus légèrement, nous avons pu constater dans la rue ou les centres commerciaux,
le rapport étrange que certains Japonais ont avec leur animal favori. On trouve
un peu partout des magasins spéciaux pour chiens, qui vendent des poussettes
pour chiens, des petits vêtements (jean, blouson etc…), des friandises
(présentées comme des bonbons Haribo). Le chien peut aller passer quelques
heures dans une garderie où des activités d’éveil lui seront proposées et bien
sûr les salons de beauté pour chiens font florès. Bref, à défaut d’avoir des
enfants, les Japonais traitent leur animal domestique comme un enfant.
Depuis le mois de mars, la vie semble avoir repris normalement, avec semble-t-il
moins d’enseignes lumineuses dans la ville. Les magasins sont très bien
achalandés, mais peut-on tout consommer ? Le poisson et les produits de la
mer, les champignons dont les Japonais sont si friands ne sont-ils pas
contaminés ?
Nous avons été surpris par le coût de la vie, beaucoup plus élevé qu’en
Chine.
Mais Tokyo est une ville agréable, avec ses grands parcs, ses
quartiers, son architecture à taille humaine (plutôt des petits immeubles un
peu disparates, avec aucun fil enterré), ses chauffeurs de taxi qui portent des
gants blancs, son réseau de transports en commun très efficace. Notre amie Anne
fait partie d’une association franco-japonaise, et elle apprécie beaucoup les
activités communes qui permettent de découvrir une culture si différente. Je
regrette que quelque chose de similaire n’existe pas à Shanghaï. Toutes les
expatriées le constatent, il est quasiment impossible de créer des liens
d’amitié avec des chinois(es), la plupart étant plus obnubilés par l’argent que
par le lien social…
Merci Anne et Jean-Claude pour ce beau voyage !