5 juin 2013

Xi'an, ville impériale, voyage au coeur du Shaanxi




Xi'an, ville impériale

Week-end à Xi'an : 25-27 mai 2013

La ville de Xi'an (prononcer Si-ann ou Chi-ann) est connue dans le monde entier, depuis qu'en 1974, des paysans qui creusaient un puits ont découvert par hasard  des poteries représentant des guerriers. Tous les archéologues de la Chine ont donc convergé vers le lieu et découvert la sépulture du premier empereur de Chine, un mégalomane dont nous vous parlerons un peu plus bas.  Nous avons donc prévu de longue date de nous rendre à Xi'an, pour goûter cette fameuse paix (an) de l'ouest (xi西).


Partis sous un ciel liquide et des orages violents, assez typiques du printemps à Hong Kong, nous atterrissons en moins de 3 heures au coeur de la province du Shaanxi,  à 1100 kilomètres au sud-ouest de Pékin. La météo n'est pas plus fameuse à l'arrivée et le plafond gris et bas n'incite guère à flâner.

Première étape, trouver la navette qui nous amène en plein centre ville, à côté de notre hôtel, un 4 étoiles chinois fort bien situé en face de la Tour de la Cloche. Après avoir parcouru quelques 20 kilomètres sur une autoroute flambant neuve et quasi vide (très typique de la Chine), nous  retrouvons la circulation à la chinoise, les véhicules de tous calibres et l'anarchie sur les routes. Et bien sûr le klaxon, cet outil indispensable au chauffeur chinois et dont il use sans modération. "Pouet, pouet, pousse toi de là, que je m'y mette". Le long de la route, des chantiers de construction s'élèvent sur des kilomètres, la région est en plein boum immobilier.

La vieille ville de Xi'an s'étend sur un "carré" de 8 kilomètres sur 9, ceint par des murailles  érigées sous la dynastie Ming (14 au 17ème siècle). Comme à Pékin, les routes sont presque toutes nord-sud et est-ouest. Il est donc assez facile de se repérer, même avec un plan sommaire. Au coeur de ce centre-ville se situe la tour de la Cloche, un superbe édifice  de 36 mètres de haut, datant du 14ème siècle et richement décoré. Comme les fenêtres de notre chambre d'hôtel donnent sur la Tour, nous la photographions de jour comme de nuit.


La tour de la Cloche
La tour est au carrefour de 4 grands axes et la circulation est dense à toute heure

Pour notre première sortie, nous décidons de partir à pied vers le quartier musulman de Xi'an, situé à 10 minutes de l'hôtel. Il continue de pleuvoir et le niveau d'eau sur les trottoirs atteint parfois plusieurs centimètres. 

Le quartier musulman démarre au pied de la Tour du Tambour, qui ressemble beaucoup à  la Tour de la Cloche, avec sa forme cubique et ses trois toits richement colorés.

La Tour du Tambour
De nuit, elle est illuminée et des dizaines d'oiseaux (des hirondelles ?) volent en piaillant, sans doute importunées par les énormes spots placés à tous les étages de la tour. Les malheureux volatiles parviennent-ils à dormir la nuit ?

Vieil homme Hui, à la grande Mosquée
Xi'an est l'extrémité de la route de la Soie, ce qui explique sans doute la forte communauté de près de 60 000 Hui musulmans, qui ont conservé leur culture traditionnelle. 

Les hommes et les femmes Hui sont facilement reconnaissables, essentiellement par leurs coiffures, toques ou foulards. L'Islam local semble assez ouvert et tolérant.



La gastronomie locale est savoureuse : beaucoup de mouton (enfin, on espère que ce n'est ni du rat, ni du renard...), des brochettes de viande qui grillent sur de grands barbecues, des fruits secs, des galettes de pain blanc...

Barbecues en plein air, pour brochettes de mouton. Avouez qu'on en mangerait !
 Le premier soir, nous testons un 'restaurant' local recommandé par le Guide du Routard. Notre présence ne laisse pas les Chinois indifférents. Nos voisins de table nous prennent discrètement  en photo, pendant que nous dégustons nos raviolis à la viande de mouton accompagnés d'aubergines et haricots bien pimentés ! 

Yangrou Guantang Baozi
Paniers sculptés superbes, pour la cuisson vapeur
Un bol de riz blanc nous aide à tamponner le feu des piments rouges.  Pour l'équivalent de 10 euros à deux, nous faisons un excellent dîner.


Le lendemain, nous décidons de découvrir l'armée enterrée du premier empereur Qin (prononcer Tchin) de Chine. Première difficulté : résister aux démarcheurs en tous genres, jusque dans le hall de l'hôtel. Les touristes occidentaux ont le choix entre les tour operators, qui pour quelques centaines de yuan vous emmènent de site en site, vous les font traverser au pas de charge, vous forcent à visiter des magasins d'objets touristiques sans intérêt et vous imposent des restaurants, dangereux pour votre système digestif, sur lesquels ils touchent bien évidemment leur commission. Autre option, la voiture avec chauffeur, qui permet un gain de temps précieux.


Mais nous voulons la jouer routard, et nonobstant les réflexions des Chinois (prendre le bus local n'est pas "convenable"), nous rejoignons facilement la gare routière de Xi'an en bus (bondé, là nous étions carrément dévisagés), pour la modique somme de 0,5 yuan, soit 5 centimes d'euro. Puis nous trouvons un autocar qui nous conduit jusqu'au site des "terracotta warriors". Mis à part la saleté, on se croirait à l'entrée de Disneyland. Les "marchands du temple" locaux vendent même des peaux de bêtes. Impossible de savoir si elles sont fausses ou réelles, mais les prix défient toute concurrence : l'équivalent de quelques euros ou dizaines d'euros...


Rarement vu dans les allées de Disneyland...

Pour vous donner une idée de la taille de l'"animal"

Au bout d'une immense allée de près d'un kilomètre, entièrement bordée de boutiques et de restaurants, nous espérions accéder au site. Mauvaise surprise, nous avons raté la guérite qui
vendait les tickets et qui était située juste derrière le parking, mais bien cachée. Nous avons donc le choix entre refaire un kilomètre en arrière ou acheter des billets à des revendeurs à la sauvette, qui comptent sur notre fainéantise...

Revenant sur nos pas, nous finissons par trouver l'entrée officielle. Les tourniquets donnent accès à  un parc très agréable, avec de larges allées. Nous ignorons les voiturettes électriques pour paresseux et rejoignons le site, avec ses 4 immenses halles d'exposition.  Ce qui est le plus impressionnant, c'est la taille de ces halles, et surtout la halle numéro 1,  qui regroupe plusieurs milliers de soldats et chevaux déjà déterrés. 

Vue d'ensemble de la Halle 1


Le travail pour reconstituer un soldat ou un cheval est absolument énorme. Chaque soldat a des traits uniques. Les artisans disposaient de différents mentons, moustaches et chignons permettant d'infinies combinaisons de visages. 
Photo d'une archéologue en plein travail
Les poses sont parfois très vivantes, comme celle de ce soldat à genoux. Reconstruits, les soldats mesurent  entre 1,80 m et 2 mètres, soit plus que la taille du Chinois moyen, surtout celui qui vivait en - 220 avant Jésus Christ ! 

L'armée silencieuse
fantassin à genoux, vu de dos
Coiffure élaborée pour un soldat !

Les chevaux de l'armée enterrée


Fantassins en ordre de marche



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Deux quadriges ( cavalier sur son char tiré par 4 chevaux) en bronze à échelle 1/2 ont été également rénovés dans le bâtiment des chars. 8 ans de travail pour un résultat superbe ! La foule des touristes chinois se presse autour des vitrines. On les voit se refléter sur la vitre protégeant l'attelage.

Passons sous silence la galerie de photos des officiels ayant illuminé de leur présence ce site, classé depuis 1997 au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.

Les archéologues chinois en ont pour des années à creuser : l'empereur Qin  aurait construit une immense nécropole, qui s'étendrait sur 56 kilomètres carrés. Le tombeau de l'empereur serait situé sous un tumulus de 47 m de haut situé à 1,5 kilomètres à l'ouest, mais une première analyse du sous-sol révélant des quantités de mercure 100 fois supérieure à la  normale, on comprend que les archéologues hésitent à creuser. L'empereur Qin souhaitait passer l'éternité au milieu d'une armée reflétant sa puissance, d'où ces tranchées pavées de briques et habillées de murs en bois pour disposer son armée de terre cuite  en ordre de bataille.

Pendant le retour à Xi'an, toujours en autocar local, nous cédons au passe-temps favori du Chinois, la sieste. Le bus est complet, des personnes sont debout dans l'allée centrale. Le chauffeur s'arrête et charge ou décharge les passagers à la demande et repart avant même d''avoir fermé sa porte : à déconseiller aux personnes âgées ou invalides !

L'esplanade de la gare de Xi'an , sous la  barre de béton d'un pont routier
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La traversée de l'esplanade de la gare de Xi'an est animée. Quand ils voyagent en train, les Chinois ne sont pas admis sur les quais et ne peuvent accéder au train que 10 minutes avant le départ. Du coup, ils "campent" sur l'esplanade avec leurs ballots; A un moment, nous nous faisons héler par 4 jeunes, assez hilares, qui veulent absolument se faire prendre en photo avec nous, pendant que le reste des badauds profite du spectacle.




Portique d'entrée datant du 17ème siècle et ses magnifiques poutres sculptées
Profitant d'une météo clémente, nous repartons visiter le quartier musulman et sa grande Mosquée, la plus importante de Chine pour son rayonnement spirituel et la plus ancienne après celle de Canton. Le plan et l'architecture sont d'inspiration chinoise, avec différentes cours et stèles, et un minaret actuellement sous bâche. Il était impossible de visiter la grande salle de prières , mais étant arrivés 5 minutes avant le début d'un "culte", nous avons pu voir la procession des fidèles et entendre l'imam conduire les prières.


Les chaussures sont laissées à l'entrée de la salle de prières

Dans les rues avoisinantes, nous retrouvons une atmosphère mi-souk  à la chinoise, mi joyeuse cohue et stands de cuisine de rue.

Toutes sortes de voitures ou triporteurs lancés à bonne allure traversent la foule sans ralentir et c'est un miracle permanent qu'il n'y ait pas plus d'accidents...

 Nous découvrons un mode de cuisson du pain  très original, dans un four en forme de grosse jarre. Le cuisinier plaque un pain qu'il a préformé sur un moule tissé, sorte de panier en osier et cela donne un joli pain en forme d'assiette. 
Vue plongeante dans le four, où des galettes sont collées aux parois brûlantes pour cuire

Le nougat local en pleine cuisson





Sur une plaque chaude, deux hommes aplatissent avec leurs maillets en bois un pâton de caramel fourré aux cacahuètes. Puis ils replient le pâton comme un feuilletage et renouvellent l'opération, jusqu'à ce que le nougat soit à la bonne consistance pour être détaillé aux clients. 





Une femme prépare des crêpes fourrées à la viande hachée de mouton avec plein de ciboulette, le tout est frit dans l'huile puis coupé en 4 pour déguster avec les doigts.


 Entre cet appétissant gâteau et l'étal de boucherie, que de contrastes !

Dommage, j'aurais bien goûté...
boucherie locale

Pour notre dernière matinée à Xi'an,  nous décidons d'aller visiter la grande Pagode de l'Oie Sauvage, à 4 kilomètres au sud des remparts de la ville. Le site est superbe, mais là encore, les centres commerciaux pullulent tout autour, heureusement intégrés dans des bâtiments d'architecture traditionnelle chinoise. 

grande Pagode de l'Oie sauvage et sa tour de l'époque Tang (VIIe et VIIIe siècles)


Entrée du Monastère et vue sur sa Tour
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Le monastère érigé en 652 a accueilli le plus célèbre des moines-pélerins, puisque le journal de ses voyages (mi-roman, mi-conte merveilleux) est à l'origine d'un des classiques de la littérature chinoise : "Pérégrination vers l'ouest", édité à la Pléiade ! Depuis la tour de 64 m, on peut  contempler sur 360 ° la ville de Xi'an, qui baigne dans une brume de pollution quasi permanente.



Les touristes chinois sont moins nombreux dans l'ascension de la tour de 7 étages qu'à photographier le spectacle musico-aquatique, offert sur l'esplanade nord de la grande Pagode...

spectacle de jets d'eau en musique sur l'esplanade
Nous avons vérifié, les feuilles sont en plastique rouge !

Avant de quitter Xi'an, François prend la pose avec les statues du parc de la grande Pagode
Une petite fille, très intriguée par ??? mes chaussures
Belle découverte donc que cette ville de Xi'an ! Et nous avons toujours plaisir à retrouver une Chine plus authentique qu'à Shanghaï ou Hong Kong...

3 mai 2012

san tian zai beijing (3 jours à Pékin)





Ni hao !

Mi-avril, nous avons réussi à programmer un week-end à Pékin, à l'occasion d'un déplacement professionnel pour François.  Evitant à la fois les hivers glacés (le vent vient directement de la Sibérie !), les étés étouffants et humides ou les tempêtes de sable du printemps, nous avons bénéficié d'une météo formidable pour nos 3 jours sur place. 29 degrés, soleil et ciel à peine voilé, arbres en fleurs, nous avons été gâtés.



Pékin (Beijing en chinois, ce qui signifie capitale du nord) est une ville immense, très polluée, et les bouchons sont fréquents à toute heure. Notre hôtel étant idéalement situé à un jet de pierre des douves de la Cité Interdite, nous avons donc  préféré découvrir  la ville à pied, en bus ou en métro, plus rarement en taxi. A Pékin, tout est plus grand et imposant qu'à Shanghai : certaines avenues sont gigantesques  (on les appelle dajie, ce qui veut dire grande rue) et intraversables à pied, (il faut chercher le passage souterrain qui permet de passer de l'autre côté). Les monuments de l'époque communiste (musées ou mausolées) sont également gigantesques et dans un style architectural massif, qui n'est pas sans rappeler l'architecture soviétique !
 
Le plan de la ville est assez simple, tout est orienté Nord Sud et Est Ouest. Des périphériques circulaires cloisonnent la ville en différents secteurs, first ring, second ring, plus le ring est élevé, plus on habite loin du centre ville.

Le cœur de la ville est bien sûr la Cité Interdite, qui jouxte la place Tian An Men, sur laquelle se trouve le mausolée de Mao.  Nous n'avons pas eu le temps (ni l'envie !) de le visiter, même s'il paraît que toute la Chine défile devant  le corps embaumé du "Grand Timonier",  protégé par un couvercle en verre. Cette immense place Tian An Men peut accueillir 1 million de personnes.

Comme le niveau de vie augmente en Chine, les Chinois voyagent de plus en plus, venant des 4 coins du pays.  Impossible  pour nous de différencier les habitants du Sichuan de ceux originaires du Guizhou ou du Hunan ! Certains  ont la peau plus cuivrée (ils portent souvent des vêtements plus rustiques), d'autres ont des faces assez plates et larges (comme Mao) qui font penser aux Han.  Nous arrivons tout de même à repérer ceux qui ont le moins l'air asiatique, notamment les Uygur, issus du Xinjiang, une province autonome située au nord-ouest de la Chine et qui jouxte le Moyen-Orient. Ils ressemblent à des Turcs, avec leurs têtes de Tatars, leurs femmes portent des vêtements bariolés et des foulards multicolores. Le spectacle des familles Uygur est plutôt pittoresque et réjouissant,  entre les enfants endimanchés, les femmes quasi voilées et le père avec sa fière bacchante trônant au milieu de sa  famille pour la photo souvenir devant  la Cité Interdite et le portrait de Mao .
La porte Tian An Men
 
Les foules de touristes sont particulièrement impressionnantes à Pékin. Mais, sans doute habitués depuis leur plus tendre enfance à marcher au pas et obéir aux ordres, les groupes de Chinois se succèdent dans la bonne humeur, chacun suivant son guide et le fanion correspondant à la couleur de la casquette qu'on leur a vissée sur la tête.




Les militaires en uniforme sont omniprésents tout autour de la Cité Interdite et déambulent avec un air martial, qui ne masque guère leur jeune âge.  De  nombreux policiers en civil rôdent sur la place Tian An Men, qui est quasiment le symbole de la résistance et a été le lieu de grandes manifestations, parfois réprimées dans le sang... histoire de prévenir d'autres débordements.
 
Le premier jour, j'ai beaucoup marché dans le centre ville, de la porte du Midi (au sud de la Cité Interdite) à la porte Tian An Men (qui signifie la Porte de la Paix Céleste). C'est depuis cet édifice que Mao proclama la fondation de la République Populaire de Chine en 1949.


Puis j'ai fait le tour de la place Tian An Men  et déambulé dans les hutongs du quartier de Qianmen. Les hutongs sont des quartiers typiquement pékinois, qui se sont construits autour de puits d'eau et d'abreuvoirs (les hutongs), depuis que les Mongols ont fait de Pékin leur capitale. Les habitants ont construit anarchiquement  des petites habitations traditionnelles  autour de cours fermées et on a  parfois l'impression de se trouver dans un labyrinthe de ruelles étroites ! De nombreuses portes en bois portent des inscriptions censées protéger des mauvais esprits. La vie dans ces hutongs n'a pas beaucoup changé depuis quelques dizaines d'années, sauf lorsqu'ils sont rénovés pour attirer les touristes...

 De très nombreux hutongs ont été détruits depuis les années 80 et l'ouverture du pays par Den Xiaoping. Les habitants sont généralement relogés dans des immeubles éloignés du centre, et s'ils y gagnent en confort de vie (avec notamment de vraies salles de bains, des toilettes...), ils doivent  sans doute repartir à zéro pour ce qui est de leur vie sociale. Il reste fort heureusement de nombreux hutongs, et c'est très pittoresque de les parcourir à pied. Il y a des formules pousse-pousse à vélo pour les paresseux, mais je trouve que ça a des relents de colonialisme, donc nous avons marché...


Pour le déjeuner,  j'ai  testé un restaurant très couleur locale, attirée par une petite publicité à l'extérieur : l'adresse était recensée (à défaut d'être encensée) dans un guide touristique anglophone. Je n'ai pas trop mal mangé, mais comme je ne suis jamais sûre des conditions d'hygiène dans lesquelles la nourriture est préparée/ les assiettes lavées/ les mains du cuisinier... bref, je me suis bu un coca deux heures après, puisque paraît-il c'est très corrosif (pour les petits microbes ?) et anti-émétique.

Le lendemain, nous avons pris le métro pour aller au Palais d'Eté, enfin celui qui n'a pas été brûlé, pillé, dévasté par les Français et les Anglais en 1860. Un épisode des guerres de l'Opium qui a de quoi nous faire rougir de honte !!!
Comme dans tous les monuments, parcs ou attractions chinoises, on trouve des dizaines de petits vendeurs à la sauvette, qui se trouvent fort opportunément sur le trajet des touristes. Petites brochettes grillées, quartiers d'ananas ou de pomelos sur des piques, glaces à la menthe pour 1 rmb (10 centimes), sodas, bouteilles d'eau, bobs et couvre-chefs variés, (parapluies lorsqu'il pleut), la foule serpente entre les vélos trafiqués pour devenir carrioles ou barbecues et la rue  où passent sans ralentir bus, voitures, vélos électriques et tous ces véhicules non homologués typiquement chinois. Mais on ne sent jamais d'impatience ou de fébrilité, tout le monde se croise ou se bouscule dans la bonne humeur ou l'indifférence.
 
Le Palais d'Eté occupe la  Colline de la Longévité, qui domine le beau lac Kunming (très Feng Shui !). On y accède par la porte du Nord et on commence par monter dans la rocaille, avant de redescendre vers la rive du lac, en traversant divers temples, pagodes ou pavillons  et  en suivant de longs corridors protégés du soleil ou des intempéries par une superbe charpente très colorée, avec des tuiles vernissées vert-bleu.  C'est superbe, mais on se demande bien où et comment vivaient les gens ici. Partout, des statues de pierre (lions, dragons, bouddhas divers et variés ...), des bronzes, des arbres en fleurs entre les temples, et des centaines de marches d'escaliers.  
 















Ce palais est associé à la dernière impératrice douairière Cixi (prononcer tseuchi), une concubine de troisième rang de l'empereur Xianfeng. En donnant naissance au fils de l'Empereur, elle "monte en grade" et manœuvre ensuite habilement pour devenir régente de son fils, puis de son neveu, au mépris de toutes les lois de succession. Elle gouvernera la Chine pendant près de 50 ans, de 1861 à 1908 et signera la fin de la Chine Impériale.
Elle fit faire des travaux grandioses au Palais d'Eté,  sur des fonds publics destinés à la flotte impériale. On visite encore son bateau de marbre 
(qui ne put ja-ja-jamais naviguer..., mais où on lui servait du thé), un théâtre où elle faisait jouer des opéras par une troupe de 384 eunuques, et divers palais et jardins superbes. Au  milieu du lac, on accède à une petite île par un pont aux 17 arches et on peut monter au  temple du Roi-Dragon.
 

 

le bateau de marbre
vue sur le lac Kunming






pavillon de musique et de danse








Dans l'après-midi, nous avons longé les rives du lac Beihai et visité le Dagoba  blanc, un sanctuaire  bouddhique datant de 1651 et construit en style tibétain. Le soir, un peu lassés de la nourriture chinoise, nous nous sommes vengés sur la formule buffet d'un grand hôtel de Pékin, et surtout sur les fromages et les desserts (absents des menus chinois...)

Pour notre troisième et dernier jour à Pékin, nous avons longuement visité la Cité Interdite, ce qui nous a tout de même pris 4 heures. Quand on pense que les tours- opérateurs le proposent en 1h30, j'imagine que les pauvres touristes doivent traverser au pas de charge ! 



Ce palais fut la résidence impériale de 1421 à 1911.  Les murs extérieurs sont très imposants et cernés de douves. Après être rentré par la Porte du Midi et avoir passé la porte de l'Harmonie suprême, nous avons  parcouru une succession de palais et de cours, aux noms évocateurs (Palais des Elégances accumulées ??? Porte de la vieillesse sereine, Salle de la nourriture de l'Esprit et j'en passe). Au sud du Palais, tout est immense et on peut imaginer les processions qui devaient avoir lieu sur les grandes esplanades.





 Plus on monte vers le nord, plus les bâtiments redeviennent à taille humaine, même si on a constamment l'impression d'être dans un labyrinthe. Quelques meubles poussiéreux permettent d'imaginer la vie des concubines et des impératrices, mais rien de grandiose. Tout a dû être pillé ou brûlé.




Après toutes ces pierres et ces murs épais, l'arrivée dans un superbe jardin traditionnel situé dans le coin nord-ouest de la Cité Impériale est une vraie bouffée d'oxygène.


Nous sommes ensuite sortis  de la Cité Interdite par  la Porte du Génie militaire  et avons escaladé la colline de Charbon (érigée au Nord du Palais, elle respecte là encore les règles du Feng Shui). Cette butte artificielle fut construite au 15ème siècle avec la terre de remblai des douves et elle offre un point de vue remarquable sur la Cité Interdite. Dans les jardins, nous avons croisé une chorale amateur, autour d'un accordéon et d'un chef de chœur très enthousiaste. Nous l'avons constaté dans tous les lieux publics (parcs, jardins, lacs...), les Chinois s'approprient l'espace et viennent seuls, en famille ou avec des amis, danser, chanter, pratiquer le Tai Chi, sans se soucier du regard des autres. Ils jouent aux dames (chinoises), au Mah Jong, promènent leurs oiseaux,  lancent des cerfs-volants très très haut dans le ciel, bref il y a beaucoup de vie et c'est pour nous un spectacle permanent et bon-enfant.

Et pour finir ce formidable week-end, nous avons testé le train de nuit Pékin-Shanghai.
La gare de Pékin était fort embouteillée par tous les Chinois rentrant le dimanche soir et nous avons eu beaucoup de mal à accéder à notre quai.  Heureusement, le compartiment s'est avéré très confortable, avec 4 couchettes, de la literie très propre et  un petit écran de télévision au pied de chaque lit.

François et moi ayant mal anticipé le repas du soir, nous avons testé le wagon-bar, très similaire à celui de la SNCF. Mais il y avait une grosse différence : le menu était en caractères chinois, donc totalement incompréhensible pour nous. Nous avons donc commencé à scruter les et sachets plastique rangés derrière le bar, qui contenaient des aliments sous vide pas toujours identifiables ou appétissants (crêtes de  coq !). C'est bien la première  fois que nous avons regretté le sandwich SNCF ! L'hôtesse nous a finalement proposé un canard laqué sous vide (de loin le plus cher sur sa liste !), qu'elle a fait réchauffer au micro-onde et a bien voulu ouvrir pour nous. Ensuite, nous nous sommes retrouvés très bêtes, en réalisant que nous n'avions aucun couvert, ni baguette pour manger le volatile (bien sûr, l'hôtesse n'avait rien pour nous dépanner...). Nous avons donc mangé avec nos doigts, (très vite couverts de graisse...) et certainement constitué un spectacle intéressant mais peu ragoûtant pour nos voisins de table chinois. Moralité : la prochaine fois que nous prendrons le train de nuit, nous apporterons notre manger !

Ces trois jours à Pékin ont donc été bien remplis, même s'il nous reste encore de nombreux trésors à découvrir. J'aurai l'occasion de revenir fin mai, pour accompagner une amie française de passage et j'en profiterai certainement pour visiter le temple du Ciel ou le Palais de l'Eternelle Harmonie.

Si vous avez envie de découvrir à votre tour ces trésors du patrimoine mondial, venez nous rendre visite en Chine !