Ni
hao !
Mi-avril, nous avons réussi à programmer un week-end à
Pékin, à l'occasion d'un déplacement professionnel pour François.
Evitant à la fois les hivers glacés
(le vent vient directement de la Sibérie !), les étés étouffants et humides ou
les tempêtes de sable du printemps, nous avons bénéficié d'une météo formidable
pour nos 3 jours sur place. 29 degrés, soleil et ciel à peine voilé, arbres en
fleurs, nous avons été gâtés.
Pékin
(Beijing en chinois, ce qui signifie capitale du nord) est une ville immense,
très polluée, et les bouchons sont fréquents à toute heure. Notre hôtel étant
idéalement situé à un jet de pierre des douves de la Cité Interdite, nous avons
donc préféré découvrir la ville à pied, en bus ou en métro, plus
rarement en taxi. A Pékin, tout est plus grand et imposant qu'à Shanghai :
certaines avenues sont gigantesques (on
les appelle dajie, ce qui veut dire grande rue) et intraversables à pied, (il
faut chercher le passage souterrain qui permet de passer de l'autre côté). Les
monuments de l'époque communiste (musées ou mausolées) sont également
gigantesques et dans un style architectural massif, qui n'est pas sans rappeler
l'architecture soviétique !
Le
plan de la ville est assez simple, tout est orienté Nord Sud et Est Ouest. Des
périphériques circulaires cloisonnent la ville en différents secteurs, first
ring, second ring, plus le ring est élevé, plus on habite loin du centre ville.
Le cœur
de la ville est bien sûr la Cité Interdite, qui jouxte la place Tian An Men,
sur laquelle se trouve le mausolée de Mao. Nous n'avons pas eu le temps (ni l'envie !) de
le visiter, même s'il paraît que toute la Chine défile devant le corps embaumé du "Grand
Timonier", protégé par un couvercle
en verre. Cette immense place Tian An Men peut accueillir 1 million de
personnes.
Comme
le niveau de vie augmente en Chine, les Chinois voyagent de plus en plus,
venant des 4 coins du pays. Impossible
pour nous de différencier les habitants du Sichuan de ceux originaires
du Guizhou ou du Hunan ! Certains ont la
peau plus cuivrée (ils portent souvent des vêtements plus rustiques), d'autres ont
des faces assez plates et larges (comme Mao) qui font penser aux Han. Nous arrivons tout de même à repérer ceux qui
ont le moins l'air asiatique, notamment les Uygur, issus du Xinjiang, une
province autonome située au nord-ouest de la Chine et qui jouxte le
Moyen-Orient. Ils ressemblent à des Turcs, avec leurs têtes de Tatars, leurs
femmes portent des vêtements bariolés et des foulards multicolores. Le
spectacle des familles Uygur est plutôt pittoresque et réjouissant, entre les enfants endimanchés, les femmes
quasi voilées et le père avec sa fière bacchante trônant au milieu de sa famille pour la photo souvenir devant la Cité Interdite et le portrait de Mao .
![]() |
La porte Tian An Men |


Le
premier jour, j'ai beaucoup marché dans le centre ville, de la porte du Midi
(au sud de la Cité Interdite) à la porte Tian An Men (qui signifie la Porte de
la Paix Céleste). C'est depuis cet édifice que Mao proclama la fondation de la
République Populaire de Chine en 1949.
Puis
j'ai fait le tour de la place Tian An Men
et déambulé dans les hutongs du quartier de Qianmen. Les hutongs sont
des quartiers typiquement pékinois, qui se sont construits autour de puits
d'eau et d'abreuvoirs (les hutongs), depuis que les Mongols ont fait de Pékin
leur capitale. Les habitants ont construit anarchiquement des petites habitations traditionnelles autour de cours fermées et on a parfois l'impression de se trouver dans un
labyrinthe de ruelles étroites ! De nombreuses portes en bois portent des
inscriptions censées protéger des mauvais esprits. La vie dans ces hutongs n'a
pas beaucoup changé depuis quelques dizaines d'années, sauf lorsqu'ils sont
rénovés pour attirer les touristes...
De
très nombreux hutongs ont été détruits depuis les années 80 et l'ouverture du
pays par Den Xiaoping. Les habitants sont généralement relogés dans des
immeubles éloignés du centre, et s'ils y gagnent en confort de vie (avec
notamment de vraies salles de bains, des toilettes...), ils doivent sans doute repartir à zéro pour ce qui est de
leur vie sociale. Il reste fort heureusement de nombreux hutongs, et c'est très
pittoresque de les parcourir à pied. Il y a des formules pousse-pousse à vélo
pour les paresseux, mais je trouve que ça a des relents de colonialisme, donc nous avons marché...
Pour le déjeuner, j'ai testé un restaurant très
couleur locale, attirée par une petite publicité à l'extérieur : l'adresse était
recensée (à défaut d'être encensée) dans un guide touristique anglophone. Je n'ai
pas trop mal mangé, mais comme je ne suis jamais sûre des conditions d'hygiène
dans lesquelles la nourriture est préparée/ les assiettes lavées/ les mains du
cuisinier... bref, je me suis bu un coca deux heures après, puisque paraît-il
c'est très corrosif (pour les petits microbes ?) et anti-émétique.
Le
lendemain, nous avons pris le métro pour aller au Palais d'Eté, enfin celui qui
n'a pas été brûlé, pillé, dévasté par les Français et les Anglais en 1860. Un
épisode des guerres de l'Opium qui a de quoi nous faire rougir de honte !!!
Comme
dans tous les monuments, parcs ou attractions chinoises, on trouve des dizaines
de petits vendeurs à la sauvette, qui se trouvent fort opportunément sur le
trajet des touristes. Petites brochettes grillées, quartiers d'ananas ou de
pomelos sur des piques, glaces à la menthe pour 1 rmb (10 centimes), sodas,
bouteilles d'eau, bobs et couvre-chefs variés, (parapluies lorsqu'il pleut), la
foule serpente entre les vélos trafiqués pour devenir carrioles ou barbecues et
la rue où passent sans ralentir bus,
voitures, vélos électriques et tous ces véhicules non homologués typiquement
chinois. Mais on ne sent jamais d'impatience ou de fébrilité, tout le monde se
croise ou se bouscule dans la bonne humeur ou l'indifférence.
Le Palais d'Eté occupe la Colline de la Longévité, qui domine le beau lac
Kunming (très Feng Shui !). On y accède par la porte du Nord et on commence par
monter dans la rocaille, avant de redescendre vers la rive du lac, en
traversant divers temples, pagodes ou pavillons
et en suivant de longs corridors
protégés du soleil ou des intempéries par une superbe charpente très colorée,
avec des tuiles vernissées vert-bleu. C'est superbe, mais on se demande bien où et
comment vivaient les gens ici. Partout, des statues de pierre (lions, dragons,
bouddhas divers et variés ...), des bronzes, des arbres en fleurs entre les
temples, et des centaines de marches d'escaliers.
Ce palais est associé à la dernière impératrice douairière Cixi (prononcer tseuchi), une concubine de troisième rang de l'empereur Xianfeng. En donnant naissance au fils de l'Empereur, elle "monte en grade" et manœuvre ensuite habilement pour devenir régente de son fils, puis de son neveu, au mépris de toutes les lois de succession. Elle gouvernera la Chine pendant près de 50 ans, de 1861 à 1908 et signera la fin de la Chine Impériale.
(qui
ne put ja-ja-jamais naviguer..., mais où on lui servait du thé), un théâtre où
elle faisait jouer des opéras par une troupe de 384 eunuques, et divers palais
et jardins superbes. Au milieu du lac, on
accède à une petite île par un pont aux 17 arches et on peut monter au temple du Roi-Dragon.
Dans
l'après-midi, nous avons longé les rives du lac Beihai et
visité le Dagoba blanc, un
sanctuaire bouddhique datant de 1651 et
construit en style tibétain. Le soir, un peu lassés de la nourriture chinoise,
nous nous sommes vengés sur la formule buffet d'un grand hôtel de Pékin, et
surtout sur les fromages et les desserts (absents des menus chinois...)
Pour notre troisième et dernier jour à Pékin, nous avons longuement visité la Cité Interdite, ce qui nous a tout de même pris 4 heures. Quand on pense que les tours- opérateurs le proposent en 1h30, j'imagine que les pauvres touristes doivent traverser au pas de charge !
Ce
palais fut la résidence impériale de 1421 à 1911. Les murs extérieurs sont très imposants et
cernés de douves. Après être rentré par la Porte du Midi et avoir passé la
porte de l'Harmonie suprême, nous avons
parcouru une succession de palais et de cours, aux noms évocateurs
(Palais des Elégances accumulées ??? Porte de la vieillesse sereine, Salle de
la nourriture de l'Esprit et j'en passe). Au sud du Palais, tout est immense et
on peut imaginer les processions qui devaient avoir lieu sur les grandes esplanades.
Plus on monte vers le nord, plus les bâtiments redeviennent à taille humaine, même si on a constamment l'impression d'être dans un labyrinthe. Quelques meubles poussiéreux permettent d'imaginer la vie des concubines et des impératrices, mais rien de grandiose. Tout a dû être pillé ou brûlé.
Après toutes ces pierres et ces murs épais, l'arrivée dans un superbe jardin traditionnel situé dans le coin nord-ouest de la Cité Impériale est une vraie bouffée d'oxygène.
Nous
sommes ensuite sortis de la Cité
Interdite par la Porte du Génie
militaire et avons escaladé la colline
de Charbon (érigée au Nord du Palais, elle respecte là encore les règles du
Feng Shui). Cette butte artificielle fut construite au 15ème siècle avec la
terre de remblai des douves et elle offre un point de vue remarquable sur la
Cité Interdite. Dans les jardins, nous avons croisé une chorale amateur, autour
d'un accordéon et d'un chef de chœur très enthousiaste. Nous l'avons
constaté dans tous les lieux publics (parcs, jardins, lacs...), les Chinois
s'approprient l'espace et viennent seuls, en famille ou avec des amis, danser,
chanter, pratiquer le Tai Chi, sans se soucier du regard des autres. Ils jouent
aux dames (chinoises), au Mah Jong, promènent leurs oiseaux, lancent des cerfs-volants très très haut dans
le ciel, bref il y a beaucoup de vie et c'est pour nous un spectacle permanent
et bon-enfant.
Et
pour finir ce formidable week-end, nous avons testé le train de nuit
Pékin-Shanghai.
La gare de Pékin était fort embouteillée par tous les Chinois rentrant le dimanche soir et nous avons eu beaucoup de mal à accéder à notre quai. Heureusement, le compartiment s'est avéré très confortable, avec 4 couchettes, de la literie très propre et un petit écran de télévision au pied de chaque lit.
François et moi ayant mal anticipé le repas du soir, nous avons testé le wagon-bar, très similaire à celui de la SNCF. Mais il y avait une grosse différence : le menu était en caractères chinois, donc totalement incompréhensible pour nous. Nous avons donc commencé à scruter les et sachets plastique rangés derrière le bar, qui contenaient des aliments sous vide pas toujours identifiables ou appétissants (crêtes de coq !). C'est bien la première fois que nous avons regretté le sandwich SNCF ! L'hôtesse nous a finalement proposé un canard laqué sous vide (de loin le plus cher sur sa liste !), qu'elle a fait réchauffer au micro-onde et a bien voulu ouvrir pour nous. Ensuite, nous nous sommes retrouvés très bêtes, en réalisant que nous n'avions aucun couvert, ni baguette pour manger le volatile (bien sûr, l'hôtesse n'avait rien pour nous dépanner...). Nous avons donc mangé avec nos doigts, (très vite couverts de graisse...) et certainement constitué un spectacle intéressant mais peu ragoûtant pour nos voisins de table chinois. Moralité : la prochaine fois que nous prendrons le train de nuit, nous apporterons notre manger !
La gare de Pékin était fort embouteillée par tous les Chinois rentrant le dimanche soir et nous avons eu beaucoup de mal à accéder à notre quai. Heureusement, le compartiment s'est avéré très confortable, avec 4 couchettes, de la literie très propre et un petit écran de télévision au pied de chaque lit.
François et moi ayant mal anticipé le repas du soir, nous avons testé le wagon-bar, très similaire à celui de la SNCF. Mais il y avait une grosse différence : le menu était en caractères chinois, donc totalement incompréhensible pour nous. Nous avons donc commencé à scruter les et sachets plastique rangés derrière le bar, qui contenaient des aliments sous vide pas toujours identifiables ou appétissants (crêtes de coq !). C'est bien la première fois que nous avons regretté le sandwich SNCF ! L'hôtesse nous a finalement proposé un canard laqué sous vide (de loin le plus cher sur sa liste !), qu'elle a fait réchauffer au micro-onde et a bien voulu ouvrir pour nous. Ensuite, nous nous sommes retrouvés très bêtes, en réalisant que nous n'avions aucun couvert, ni baguette pour manger le volatile (bien sûr, l'hôtesse n'avait rien pour nous dépanner...). Nous avons donc mangé avec nos doigts, (très vite couverts de graisse...) et certainement constitué un spectacle intéressant mais peu ragoûtant pour nos voisins de table chinois. Moralité : la prochaine fois que nous prendrons le train de nuit, nous apporterons notre manger !
Ces
trois jours à Pékin ont donc été bien remplis, même s'il nous reste encore de
nombreux trésors à découvrir. J'aurai l'occasion de revenir fin mai, pour
accompagner une amie française de passage et j'en profiterai certainement pour
visiter le temple du Ciel ou le Palais de l'Eternelle Harmonie.
Si
vous avez envie de découvrir à votre tour ces trésors du patrimoine mondial,
venez nous rendre visite en Chine !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire