Xi'an, ville impériale |
Week-end à Xi'an : 25-27 mai 2013
La
ville de Xi'an (prononcer Si-ann ou Chi-ann) est connue dans le monde entier,
depuis qu'en 1974, des paysans qui creusaient un puits ont découvert par
hasard des poteries représentant des
guerriers. Tous les archéologues de la Chine ont donc convergé vers le lieu et
découvert la sépulture du premier empereur de Chine, un mégalomane dont nous
vous parlerons un peu plus bas. Nous
avons donc prévu de longue date de nous rendre à Xi'an, pour goûter cette fameuse paix (an安) de l'ouest (xi西).
Partis
sous un ciel liquide et des orages violents, assez typiques du printemps à Hong
Kong, nous atterrissons en moins de 3 heures au coeur de la province du Shaanxi, à 1100 kilomètres au sud-ouest de Pékin. La
météo n'est pas plus fameuse à l'arrivée et le plafond gris et bas n'incite
guère à flâner.
Première
étape, trouver la navette qui nous amène en plein centre ville, à côté de
notre hôtel, un 4 étoiles chinois fort bien situé en face de la Tour de la Cloche.
Après avoir parcouru quelques 20 kilomètres sur une autoroute flambant neuve et
quasi vide (très typique de la Chine), nous retrouvons la circulation à la
chinoise, les véhicules de tous calibres et l'anarchie sur les routes. Et bien
sûr le klaxon, cet outil indispensable au chauffeur chinois et dont il use sans
modération. "Pouet, pouet, pousse toi de là, que je m'y mette". Le
long de la route, des chantiers de construction s'élèvent sur des kilomètres,
la région est en plein boum immobilier.
La
vieille ville de Xi'an s'étend sur un "carré" de 8 kilomètres sur 9,
ceint par des murailles érigées sous la
dynastie Ming (14 au 17ème siècle). Comme à Pékin, les routes sont presque
toutes nord-sud et est-ouest. Il est donc assez facile de se repérer, même avec
un plan sommaire. Au coeur de ce centre-ville se situe la tour de la Cloche,
un superbe édifice de 36 mètres de haut, datant du
14ème siècle et richement décoré. Comme les fenêtres de notre chambre d'hôtel
donnent sur la Tour, nous la photographions de jour comme de nuit.
La tour de la Cloche |
La tour est au carrefour de 4 grands axes et la circulation est dense à toute heure |
Pour
notre première sortie, nous décidons de partir à pied vers le quartier musulman
de Xi'an, situé à 10 minutes de l'hôtel. Il continue de pleuvoir et le niveau
d'eau sur les trottoirs atteint parfois plusieurs centimètres.
Le
quartier musulman démarre au pied de la Tour du Tambour, qui ressemble beaucoup à
la Tour de la Cloche, avec sa forme cubique et ses trois toits richement colorés.
La Tour du Tambour |
De nuit, elle est illuminée et des dizaines d'oiseaux (des hirondelles ?) volent en piaillant, sans doute importunées par les énormes spots placés à tous les étages de la tour. Les malheureux volatiles parviennent-ils à dormir la nuit ?
Vieil homme Hui, à la grande Mosquée |
Xi'an
est l'extrémité de la route de la Soie, ce qui explique sans doute
la forte communauté de près de 60 000 Hui musulmans, qui ont conservé leur
culture traditionnelle.
Les hommes et les femmes Hui sont
facilement reconnaissables, essentiellement par leurs coiffures, toques ou
foulards. L'Islam local semble assez
ouvert et tolérant.
La gastronomie locale est savoureuse : beaucoup de mouton (enfin, on espère que ce n'est ni du rat, ni du renard...), des brochettes de viande qui grillent sur de grands barbecues, des fruits secs, des galettes de pain blanc...
Barbecues en plein air, pour brochettes de mouton. Avouez qu'on en mangerait ! |
Le
premier soir, nous testons un 'restaurant' local recommandé par le Guide du
Routard. Notre présence ne laisse pas les Chinois indifférents. Nos voisins de table nous prennent discrètement en photo, pendant que nous dégustons nos raviolis à la viande de mouton accompagnés d'aubergines et haricots bien pimentés !
Yangrou Guantang Baozi |
Paniers sculptés superbes, pour la cuisson vapeur |
Un bol de
riz blanc nous aide à tamponner le feu des piments rouges. Pour l'équivalent de 10 euros à deux, nous faisons un excellent dîner.
Le lendemain, nous décidons de découvrir l'armée enterrée du premier empereur Qin (prononcer Tchin) de Chine. Première difficulté : résister aux démarcheurs en tous genres, jusque dans le hall de l'hôtel. Les touristes occidentaux ont le choix entre les tour operators, qui pour quelques centaines de yuan vous emmènent de site en site, vous les font traverser au pas de charge, vous forcent à visiter des magasins d'objets touristiques sans intérêt et vous imposent des restaurants, dangereux pour votre système digestif, sur lesquels ils touchent bien évidemment leur commission. Autre option, la voiture avec chauffeur, qui permet un gain de temps précieux.
Mais
nous voulons la jouer routard, et nonobstant les réflexions des Chinois
(prendre le bus local n'est pas "convenable"), nous rejoignons
facilement la gare routière de Xi'an en bus (bondé, là nous étions carrément
dévisagés), pour la modique somme de 0,5 yuan, soit 5 centimes d'euro. Puis
nous trouvons un autocar qui nous conduit jusqu'au site des "terracotta
warriors". Mis à part la saleté, on se croirait à l'entrée de Disneyland. Les "marchands du temple" locaux vendent même des peaux de bêtes. Impossible de savoir si elles sont fausses ou réelles, mais les prix défient toute concurrence : l'équivalent de quelques euros ou dizaines d'euros...
Rarement vu dans les allées de Disneyland... |
Pour vous donner une idée de la taille de l'"animal" |
Au bout d'une immense allée de près d'un kilomètre,
entièrement bordée de boutiques et de restaurants, nous espérions accéder au
site. Mauvaise surprise, nous avons raté la guérite qui
vendait les tickets et qui était
située juste derrière le parking, mais bien cachée. Nous avons donc le choix
entre refaire un kilomètre en arrière ou acheter des billets à des revendeurs à
la sauvette, qui comptent sur notre fainéantise...
Revenant sur nos pas, nous finissons par trouver l'entrée officielle. Les tourniquets donnent accès à un parc très agréable, avec de larges allées.
Nous ignorons les voiturettes électriques pour paresseux et rejoignons le site, avec ses 4 immenses halles d'exposition. Ce qui est le plus impressionnant, c'est la
taille de ces halles, et surtout la halle numéro 1, qui regroupe plusieurs
milliers de soldats et chevaux déjà déterrés.
Vue d'ensemble de la Halle 1 |
Le
travail pour reconstituer un soldat ou un cheval est absolument énorme. Chaque
soldat a des traits uniques. Les artisans disposaient de différents mentons, moustaches et chignons permettant d'infinies combinaisons de visages.
Photo d'une archéologue en plein travail |
Les poses sont parfois très vivantes, comme celle de ce soldat à genoux. Reconstruits,
les soldats mesurent entre 1,80 m et 2 mètres, soit plus que la
taille du Chinois moyen, surtout celui qui vivait en - 220 avant Jésus Christ !
![]() |
L'armée silencieuse |
fantassin à genoux, vu de dos |
Coiffure élaborée pour un soldat ! |
Les chevaux de l'armée enterrée |
Fantassins en ordre de marche |
Deux
quadriges ( cavalier sur son char tiré par 4 chevaux) en bronze à échelle 1/2
ont été également rénovés dans le bâtiment des chars. 8 ans de travail pour un résultat superbe ! La foule des touristes chinois se presse autour des
vitrines. On les voit se refléter sur la vitre protégeant l'attelage.
Passons sous silence la galerie de photos des officiels ayant
illuminé de leur présence ce site, classé depuis 1997 au patrimoine mondial de
l'humanité de l'Unesco.
Les
archéologues chinois en ont pour des années à creuser : l'empereur Qin aurait construit une immense nécropole, qui
s'étendrait sur 56 kilomètres carrés. Le tombeau de l'empereur serait situé
sous un tumulus de 47 m de haut situé à 1,5 kilomètres à l'ouest, mais une première
analyse du sous-sol révélant des quantités de mercure 100 fois supérieure à
la normale, on comprend que les
archéologues hésitent à creuser. L'empereur Qin souhaitait passer l'éternité au
milieu d'une armée reflétant sa puissance, d'où ces tranchées pavées de briques
et habillées de murs en bois pour disposer son armée de terre cuite en ordre de bataille.
Pendant
le retour à Xi'an, toujours en autocar local, nous cédons au passe-temps favori
du Chinois, la sieste. Le bus est complet, des personnes sont debout dans
l'allée centrale. Le chauffeur s'arrête et charge ou décharge les passagers à
la demande et repart avant même d''avoir fermé sa porte : à déconseiller aux
personnes âgées ou invalides !
L'esplanade de la gare de Xi'an , sous la barre de béton d'un pont routier |
La
traversée de l'esplanade de la gare de Xi'an est animée. Quand ils
voyagent en train, les Chinois ne sont pas admis sur les quais et ne peuvent
accéder au train que 10 minutes avant le départ. Du coup, ils
"campent" sur l'esplanade avec leurs ballots; A un moment, nous nous
faisons héler par 4 jeunes, assez hilares, qui veulent absolument se faire
prendre en photo avec nous, pendant que le reste des badauds profite du spectacle.
Portique d'entrée datant du 17ème siècle et ses magnifiques poutres sculptées |
Profitant
d'une météo clémente, nous repartons visiter le quartier musulman et sa
grande Mosquée, la plus importante de Chine pour son rayonnement spirituel et la plus ancienne après celle de Canton. Le plan et l'architecture sont
d'inspiration chinoise, avec différentes cours et stèles, et un minaret
actuellement sous bâche. Il était impossible de visiter la grande salle de prières , mais étant arrivés 5 minutes avant le début d'un "culte", nous
avons pu voir la procession des fidèles et entendre l'imam
conduire les prières.
Les chaussures sont laissées à l'entrée de la salle de prières |
Dans les rues avoisinantes, nous retrouvons une atmosphère mi-souk à la chinoise,
mi joyeuse cohue et stands de cuisine de rue.
Toutes sortes de voitures ou triporteurs
lancés à bonne allure traversent la foule sans ralentir et c'est un miracle
permanent qu'il n'y ait pas plus d'accidents...
Nous découvrons un mode de cuisson du pain très original, dans un four en forme de grosse jarre. Le cuisinier plaque un pain qu'il a préformé
sur un moule tissé, sorte de panier en osier et cela donne un joli pain en
forme d'assiette.
Vue plongeante dans le four, où des galettes sont collées aux parois brûlantes pour cuire |
Le nougat local en pleine cuisson |
Sur une plaque chaude, deux hommes aplatissent avec leurs maillets en bois un pâton de caramel fourré aux cacahuètes. Puis ils replient le pâton comme un feuilletage et renouvellent l'opération, jusqu'à ce que le nougat soit à la bonne consistance pour être détaillé aux clients.
Une femme prépare des crêpes fourrées à la viande
hachée de mouton avec plein de ciboulette, le tout est frit dans l'huile puis
coupé en 4 pour déguster avec les doigts.
Entre cet appétissant gâteau et l'étal de boucherie, que de contrastes !
Dommage, j'aurais bien goûté... |
boucherie locale |
Pour notre dernière matinée à Xi'an, nous décidons d'aller visiter la grande Pagode de l'Oie Sauvage, à 4
kilomètres au sud des remparts de la ville. Le site est superbe, mais là
encore, les centres commerciaux pullulent tout autour, heureusement intégrés
dans des bâtiments d'architecture traditionnelle chinoise.
grande Pagode de l'Oie sauvage et sa tour de l'époque Tang (VIIe et VIIIe siècles) |
![]() |
Entrée du Monastère et vue sur sa Tour |
Le
monastère érigé en 652 a accueilli le plus célèbre des moines-pélerins, puisque
le journal de ses voyages (mi-roman, mi-conte merveilleux) est à l'origine d'un
des classiques de la littérature chinoise : "Pérégrination vers
l'ouest", édité à la Pléiade ! Depuis la tour de 64 m, on peut contempler sur 360 ° la ville de Xi'an, qui baigne dans une brume de pollution quasi
permanente.
Les touristes chinois sont moins nombreux dans l'ascension de la tour de 7 étages qu'à photographier le spectacle musico-aquatique, offert sur l'esplanade nord de la grande Pagode...
spectacle de jets d'eau en musique sur l'esplanade |
Nous avons vérifié, les feuilles sont en plastique rouge ! |
Avant de quitter Xi'an, François prend la pose avec les statues du parc de la grande Pagode |
Une petite fille, très intriguée par ??? mes chaussures |
Belle
découverte donc que cette ville de Xi'an ! Et nous avons toujours plaisir à retrouver une Chine plus authentique qu'à Shanghaï ou Hong Kong...
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